Mes grands parents m’en ont encore donné un exemple très récemment. Mes grands parents, comme beaucoup de grands parents, sont des gens d’habitude. Aussi, imaginez leur égarement lorsqu’ils ont découvert que leur chaîne préférée de la télévision suisse où l’on parle français (pour ne citer personne) allait arrêter d’émettre dans le secteur privilégié où ils habitent.
Ce changement les a bouleversé au point qu’ils m’ont appelé au secours, pour essayer de pallier à cette situation catastrophique. Comme je suis un petit fils exemplaire, je me suis empressé de me renseigner sur la question et de leur faire un petit topo bien pédagogique des solutions existantes.
Seulement voilà. Allez expliquer à quelqu’un né il y a 85 ans pourquoi sa chaîne préférée a décidé de se mettre au numérique, et pourquoi la seule solution consiste à se doter d’un décodeur TNT avec une antenne suisse.
Au bout de quelques phrases d’explications (puisque quand même, ce changement technique allait changer aussi quelques détails financiers) ma grand-mère m’a coupé dans mon élan avec une phrase ô combien représentative de notre époque : « écoute gosse, moi ces trucs, j’y comprend rien, alors c’est pas la peine d’essayer d’expliquer » (ou un truc du genre).
Une réaction qui m’a fait pensé à un texte échoué dans ma boite mail il y a peu. Sur le coup je n’y avais pas prêté une attention énorme, mais aujourd’hui il me parle davantage. J’en profite pour le reproduire ici, parce que ça me permettra facilement de faire enfin une note de plus de 10 lignes il donne beaucoup à penser à propos de nos chers anciens :
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« Je suis né en l'an de grâce (et de guerre) 1942 ! Je suis né avant la télévision, juste après la découverte de la pénicilline, mais avant les produits surgelés, les photocopies, le plastique, les verres de contact, la vidéo et le magnétoscope et avant la pilule (puisque je suis là !).
J'étais là avant les cartes de crédit, juste avant la bombe atomique, avant le rayon laser et le stylo à bille, avant le lave-vaisselle, le frigo et le congélateur, les couvertures chauffantes, avant la climatisation, avant les chemises sans repassage et avant que l'homme marche sur la lune.
A l'époque, le fast-food, pour les anglais, était un menu de carême et un big-mac était un grand manteau de pluie. Il n' y avait pas de télécopie, ni de courrier A ou B. C’était avant les HLM et avant les pampers (pauvres parents et surtout pauvre maman !). Je n’entendais pas parler, même après la première enfance, de modulation de fréquence, ni de cœur artificiel, de transplant et de machine à écrire électronique.
Je continue mon exposé en associant mes aînés qui sont là ce soir ; je parlerai donc au pluriel.
Pour nous, un ordinateur, c'était quelqu'un qui conférait un ordre ecclésiastique. Une puce, c'était un parasite et une souris, de la nourriture pour chat. Les paraboles ne se trouvaient que dans la bible, un site c'était un point de vue panoramique, un CD-ROM nous aurait fait penser à une boisson jamaïcaine, un joint empêchait un robinet de goutter, l'herbe était pour les vaches et une cassette servait à ranger les bijoux. Un téléphone cellulaire aurait été installé dans un pénitencier ; le rock était une matière géologique, un gai, c'était quelqu'un qui faisait rire et made in Taiwan, c'était de l'exotisme.
Mais en définitive, nous étions sans doute, et sommes encore, une bonne race, robuste et vivace. Quand on songe à tous les changements qui ont bouleversé le monde et à tous les ajustements que nous avons su ou du négocier, il n'est pas étonnant que nous nous sentions parfois surs de nous et fiers d'avoir su sauter le fossé entre nous et la génération d'aujourd'hui.
En conclusion, nous sommes aussi, des survivants, des rescapés ! »
2 commentaires:
Bel hommage aux anciens! Il est vraiment bien ce ptit jeune!
Ca me perdra, jle sais... le prochain post que je fais sur nos anciens, j'y mettrai tous les trucs qui énervent. Histoire de rétablir l'équilibre, quand même. ;)
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