J’en peux plus. Saloperie de machine à laver. C’est la troisième fois ce mois ci. Il y a de l’eau partout. Et merde, quelle conne. Pourquoi j’ai laissé le panier de linge propre au sol. Et fallait que ça arrive pendant que je tondais la pelouse, bien sûr. J’en ai ma claque.
- Quoi Cédric ? Aller en moto chez Nico demain ? Mais c’est à 30 bornes ! Oui, c’est vrai, c’est le week end, mais ça rend pas les routes moins dangereuses, ça. Attend, on en reparle : ça sonne.
Elle va me rendre dingue cette vie. Qui ça peut être ? papa ? l’hôpital ? Un jour ça sonnera et j’apprendrai qu’il est parti. Au moins il aura de la chance lui, de se tirer de ce merdier.
- Allô ? Oui, papa. Alors, ces tests. Ouais, c’est vrai, faut être patient. De toute façon, ils vont bien finir par savoir ce que c’est. Et ça va un peu mieux avec le nouveau traitement ? Non ? Comment ça non ? T’as encore mal ? Et tu l’as dit aux infirmières ? Mais pourquoi ! Écoutes papa, si tu dis rien, ils vont pas pouvoir beaucoup t’aider à l’hôpital. Mais si qu’elles peuvent comprendre les infirmières.
- Attends papa, là j’ai pas trop le temps. Je te rappelle, promis, et je passe te voir demain avec le p’tit. Quoi maman ? Mais je trouverai une solution ne t’inquiète pas !
Je t’embrasse papa.
- Attends papa, là j’ai pas trop le temps. Je te rappelle, promis, et je passe te voir demain avec le p’tit. Quoi maman ? Mais je trouverai une solution ne t’inquiète pas !
Je t’embrasse papa.
Putain, dix jours qu’il poireaute sur son lit. Et orgueilleux comme il est, il arrive même pas à se plaindre. Comment il fait ? Pourvu qu’il se remette vite. Je vais pas tenir longtemps sans lui. Même si il y a le petit… il a grandi mais il est encore jeune, et avec nos soucis, je suis à deux doigts de lui bousiller ses plus belles années.
- Cédric, viens voir, faut qu’on reparle de ce week-end. Je t’avoue que ça me plaît pas trop ton histoire de moto. Ça fait seulement deux semaines que tu peux conduire, et cette route, moi, je l’aime pas : elle nous a déjà enlevé ton père. Et puis, tu sais, en ce moment, j’ai un peu besoin de toi. Depuis l’accident du papy, il faut que je pense à tout. A toi, à ta grand-mère, à la maison. C’est pas facile pour moi, alors j’aimerais bien que tu sois un peu là pour m’aider. Tu es grand maintenant. Et jusqu’à ce que papy revienne, c’est un peu toi l’homme de la famille, tu sais.
- J’aimerais aller à l’hôpital demain pour le voir, avec toi. Ça lui ferait plaisir. Après, je pourrais te déposer chez Nico et venir te rechercher ensuite, ça te plairait ?
- J’aimerais aller à l’hôpital demain pour le voir, avec toi. Ça lui ferait plaisir. Après, je pourrais te déposer chez Nico et venir te rechercher ensuite, ça te plairait ?
- Mais non, pas que deux heures ! Je te dépose en milieu d’après-midi et je reviens pour le repas, ça te laisse quand même du temps ! Et demain matin, je sais que tu vas pas aimer, mais il faut qu’on finisse ce que ton grand père a commencé. A deux ce sera moins dangereux. Mais non, ça ira vite. Enfin, si on termine pas demain c’est pas grave. Le principal c’est qu’on ait un peu de bois pour cet hiver. Il faut en profiter pendant qu’il fait beau. On tiendra pas six mois avec ce qu’il reste de fioul, et tu sais comme moi qu’on pourra pas remplir la cuve cette année.
- Ben oui, ça fait chier, comme tu dit, mais arrête maintenant, je peux pas me diviser, être au boulot et m’occuper de mamy. Il a fallu choisir, tu sais bien. Et ça sert rien de gueuler. C’est comme ça, c’est la vie. Des fois elle nous en fait baver. J’ai pas besoin que tu te plaignes.
Merde j’ai été un peu sèche là. Il manquerait plus que le petit se mette à me détester. Ça se braque vite à cet âge là. Il a besoin de vivre ses trucs à lui quand même. Enfin, je crois qu’il comprend, au fond. Il est bien ce gosse, comme son père.
- Allô ? Oui, bonjour, je vous appelle pour une panne. J’ai ma machine à laver qui a lâché. Oui, j’attend…
- Bonjour, oui, c’est au sujet d’une panne de machine à laver. J’ai de l’eau partout, et c’est la troisième fois ce mois ci. Le numéro de contrat ? Ouais, une seconde. Voilà. Sans m’énerver, je vous cache pas que je commence à en avoir marre. La dernière panne remonte à la semaine dernière, c’est le pompon là quand même…
- Comment ça la garantie est dépassée ? Vous rigolez ? Un de vos mecs est venu il y a une semaine et ça a pas tenu ! C’est quand même pas de ma faute !
- Oui, c’est urgent je vous dit que j’ai de l’eau partout. Oui je patiente.
- Bonjour, oui, c’est au sujet d’une panne de machine à laver. J’ai de l’eau partout, et c’est la troisième fois ce mois ci. Le numéro de contrat ? Ouais, une seconde. Voilà. Sans m’énerver, je vous cache pas que je commence à en avoir marre. La dernière panne remonte à la semaine dernière, c’est le pompon là quand même…
- Comment ça la garantie est dépassée ? Vous rigolez ? Un de vos mecs est venu il y a une semaine et ça a pas tenu ! C’est quand même pas de ma faute !
- Oui, c’est urgent je vous dit que j’ai de l’eau partout. Oui je patiente.
Quelle bande d’incapables, pas foutu faire une réparation qui tient. Garanti ou pas garanti, ils ont intérêt à se rattraper… Et après ils s’étonnent qu’on gueule.
- Oui, samedi prochain ? Vous vous foutez de moi ? Pas avant ? Comment je fais moi ? Je peux pas attendre la semaine prochaine ! Mais je sais bien qu’on est vendredi…
- attendez, je vous rappelle.
- Maman ! je croyais que tu dormais ! C’est quoi cette odeur ? Maman ! tu es encore allé aux toilettes toute seule. Je t’avais dit de m’appeler dans ces cas là ! Oui je sais, tu as oublié. Ah, mais c’est terrible, tu en a partout. Je t’ai déjà dit pas mettre les mains dedans. Viens avec moi, on va laver tout ça.
Il manquait plus que ça. Je vais devenir folle.
- Cédric ! tu peux répondre s’il te plaît ! Voilà maman, c’est propre, mais recommence pas, tu sais bien que tu sais plus faire toute seule. Il faut que tu m’appelles quand t’as envie…
- Oui Cédric, le dépanneur ? Demain ? Ça serait super. Le matin alors. Neuf heures oui, ça serait bien.
Enfin une bonne nouvelle. Allé, avec un peu de chance, elle va en ramener d’autres. Ne pas craquer, ne pas craquer.
- Papa ? Quoi papa. Mais maman, tu sais bien qu’il est à l’hôpital. Mais si, tu sais. Il est à l’hôpital, le bois à couper, l’accident… Ça fait jours, et je te l’ai déjà dit mille fois, tu étais là… Mais non maman, je ne mens pas. Maman arrête. Arrête je te dis. Tu sais bien. Maman, je suis ta fille, pourquoi je te mentirai ? Maman, mais. Maman, arrête ! Maman, bien sûr que je suis ta fille ! Attend, on va l’appeler. On l’appelle si tu veux. Regarde, tu vas lui parler, entendre sa voix. Il te dira lui…
***********
Épilogue
- Allô ? oui, bonjour…
- Oui c’est bien ça.
- Un rendez vous pour une étude sociologique sur les liens intergénérationnels ?
- Oui c’est bien ça.
- Un rendez vous pour une étude sociologique sur les liens intergénérationnels ?
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